La gestion des stocks dans un entrepôt est déjà complexe, mais lorsque les opérations manuelles, les systèmes d’automatisation et la robotique entrent en jeu, cette complexité se multiplie. Comment maintenir la précision des stocks en temps réel dans un environnement aussi fragmenté ? Comment les systèmes communiquent-ils de manière claire et fiable ? Et quel rôle jouent les données au cœur de tout cela ?
Pour répondre à ces questions, nous avons discuté avec Marco Klaassen, Senior Director of Professional Services chez Manhattan Associates. Ses réflexions s’appuient sur les bases posées lors de notre précédente discussion avec Rémi Coolen, qui a décrit comment mettre en œuvre une stratégie de qualité continue des données, un sujet étroitement lié à l’exactitude des stocks. (Lire cet article ici : Qualité des données : un essentiel pour votre entrepôt).
Des couches d’orchestration à la logique d’intégration en passant par les outils prédictifs, cet article explore en détail comment le WMS de Manhattan relève les défis quotidiens liés au contrôle des stocks dans les entrepôts modernes.
Précision en temps réel comme exigence de base
ns les environnements logistiques hybrides où les opérateurs humains travaillent aux côtés de robots « goods-to-person » et de systèmes automatisés, la précision des stocks est indispensable. Chez Manhattan, la fiabilité repose sur une répartition claire des responsabilités : le WMS gère les opérations manuelles, tandis que les systèmes automatisés conservent le contrôle de leurs propres stocks
« Pour les opérations manuelles, Manhattan est le maître des stocks. Pour les systèmes automatisés comme Exotec, c’est l’inverse : le système d’automatisation est le maître, et Manhattan est le secondaire », explique Marco Klaassen.
La synchronisation est assurée par des instantanés réguliers des stocks envoyés par le système d’automatisation. Ceux-ci sont comparés à la référence du WMS et ajustés si nécessaire. Les résultats sont ensuite transmis à l’ERP du client, ce qui garantit une cohérence de bout en bout.
La couche d’intégration vitale : le rôle du WES
Entre les mondes manuel et automatisé, le WES (Warehouse Execution System) fait office d’interprète intelligent. Ce module intégré permet au WMS de communiquer avec les systèmes d’automatisation en adaptant les formats, les protocoles et le contenu des messages.
« Le WES nous permet d’ingérer ou d’émettre des flux vers et depuis divers systèmes, qu’il s’agisse d’Exotec ou d’un trieur de colis, en s’adaptant aux formats et protocoles de communication spécifiques de chacun », résume M. Klaassen.
Plus qu’un simple connecteur technique, le WES intègre également une logique opérationnelle qui permet, par exemple, d’équilibrer la charge entre différents systèmes ou d’adapter le comportement de l’entrepôt au contexte.
Trois niveaux d’orchestration clairement définis
Pour clarifier les rôles de chaque couche, Manhattan définit trois niveaux fonctionnels. Le premier est la couche de gestion, où le WMS décide de quelle zone récupérer les stocks. Vient ensuite la couche d’exécution, gérée par le WES, qui coordonne les ressources disponibles. Enfin, la couche de contrôle est gérée par le WCS ou les PLC, qui exécutent les tâches physiques.
« Ce troisième niveau, le contrôle, n’est pas pris en charge par Manhattan. Mais au niveau de l’exécution, il peut y avoir certains chevauchements : des solutions telles qu’Exotec orchestrent déjà leurs ressources de manière très efficace », note M. Klaassen. Dans de tels cas, Manhattan délègue intentionnellement l’orchestration afin de ne pas compromettre les performances du système.
L’intégration n’est plus un obstacle technique, mais un enjeu sémantique.
Alors qu’il y a dix ans, l’intégration était souvent entravée par des protocoles incompatibles, les systèmes modernes convergent aujourd’hui vers des normes communes telles que les API REST et JSON, ce qui facilite considérablement la communication. Cependant, certains défis subsistent.
« Le véritable défi consiste désormais à comprendre les données que nous échangeons », prévient Marco Klaassen. Des données mal interprétées, même si elles sont techniquement bien formatées, peuvent entraîner des écarts de stock difficiles à détecter.
La cybersécurité est une autre préoccupation croissante, en particulier compte tenu de l’architecture cloud native de Manhattan. « Il n’y a pas si longtemps, nous avons rencontré des difficultés d’intégration avec les systèmes sur site pour des raisons de sécurité. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, les choses ont beaucoup évolué », ajoute-t-il.
Corriger les erreurs — ou mieux encore, les prévenir
En cas d’erreurs de stock, Manhattan propose une série de mesures correctives : tâches d’inventaire cyclique, mises à jour en temps réel des stocks ou rapprochement local. Mais la prévention reste la priorité.
« Nous commençons toujours par sécuriser les flux entrants. Si les données sont exactes au point d’entrée, il y a moins de problèmes en aval. » Cette approche préventive comprend des contrôles renforcés pour les fournisseurs à haut risque et une automatisation basée sur des règles qui déclenche des tâches de vérification lorsque des anomalies sont détectées.
Allocation des actions conçue pour l’efficacité
Le WMS peut être configuré avec des stratégies d’allocation dynamique : priorité aux petites quantités pour libérer de l’espace, regroupement des prélèvements en un seul endroit, respect des règles FIFO ou d’expiration, etc. « Certaines stratégies sont spécifiques à un client ou à un canal. Et nous pouvons même les adapter tout au long de la journée », explique M. Klaassen. Cette flexibilité permet aux opérations de l’entrepôt de s’adapter en permanence à l’évolution des priorités et des contraintes.
Qualité des données : le fondement de toute stratégie logistique
Klaassen est clair : « Si les produits ne sont pas mesurés correctement ou sont mal étiquetés, tout le reste s’effondre. » L’objectif n’est pas seulement de garantir l’exactitude des données initiales, mais aussi d’assurer l’intégrité des données au fil du temps.
Manhattan propose des interfaces de saisie conviviales, des outils mobiles et des indicateurs clés de performance des fournisseurs. Ces outils contribuent à transformer les données, qui constituent un point faible potentiel, en un atout opérationnel fiable.
S’adapter pour anticiper
La flexibilité du WMS permet également de réagir aux variations de charge ou aux perturbations. Lorsqu’un système automatisé atteint sa capacité maximale, le WMS peut rediriger les flux vers d’autres zones. « Il est essentiel d’avoir une vue d’ensemble de l’entrepôt et de considérer les zones manuelles comme des tampons intelligents », explique M. Klaassen. Cette adaptabilité en temps réel dépend d’une visibilité unifiée des stocks et d’une planification dynamique des ressources.
Les bons indicateurs pour stimuler la performance
Pour M. Klaassen, trois indicateurs de performance clés sont essentiels : la précision des stocks, le taux d’exécution des commandes et la rotation des stocks. À ceux-ci, il en ajoute un quatrième qui est souvent négligé : le coût de possession. « Garder une palette en entrepôt pendant deux mois au lieu d’une semaine a un coût. Et ce coût devient critique lorsque l’espace est limité ou lorsqu’il faut louer un espace de stockage temporaire. »
Orchestrer la complexité grâce à une architecture ouverte
Dans un entrepôt automatisé, la gestion des stocks ne se limite plus au simple suivi des entrées et des sorties. Elle devient une question d’orchestration, où chaque système est traité comme une ressource autonome au sein d’une logique plus large. Marco Klaassen conclut : « La performance ne vient pas seulement de la technologie, mais aussi de la manière dont elle s’intègre et fonctionne efficacement avec l’écosystème au sens large.»
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